Une intéressante réunion-débat concernant l'aménagement écologique des cours d'eau et de leurs versants pour lutter contre les inondations a été organisée mardi 1er octobre par Nature et Avenir à la mairie de Rethel . Patrice Valat, responsable technique de l'Entente Oise Aisne contre les inondations présentait le projet pilote d'aménagement des ruisseaux de Saint Lambert et de Lametz.
Les solutions retenues vont dans le sens préconisé par Nature et Avenir depuis plus de 30 ans : haies et talus en travers des pentes pour freiner le ruissellement, merlons de terre qui piègent l'eau sans empêcher les activités agricoles d'élevage, stabilisation des berges, bandes enherbées etc...
Dans l'assistance, les remarques se succèdent :
- Pourquoi attendre ? Qui va mettre en œuvre ces propositions ? Quel financement ?
- Des entreprises polluantes ne pourraient-elles pas financer des plantations de haies pour compenser la pollution carbone qu'elles génèrent ?
-Comment pérenniser les haies ?
- Ne vaudrait-il pas mieux restaurer des zones humides en les entretenant pour qu'elles jouent leur rôle d'éponge ?
- Ne faudrait-il pas repenser les cultures sur versants inclinés puisqu'on assiste à une érosion importante qui amène les terres dans la rivière donc détruit les sols du haut des pentes (143 g de boue dans 100 litres d'eau recueillie lors d'un orage) ?
Un habitant de Signy l'Abbaye donne l'exemple de sa commune où des travaux bien pensés et peu coûteux vont être réalisés pour limiter les dégâts de la Vaux.
Pour les ruisseaux de Saint Lambert et de Lametz, Monsieur Valat propose la création d 'une quinzaine de petits bassins de rétention temporaires à des endroits peu gênants et répond aux nombreuses questions de l'assistance. Par exemple: le barrage de Savigny/Aisne dont le projet est abandonné n'aurait presque pas eu d'influence sur les inondations de Compiègne à cause de l'étalement de l'eau sur une grande distance, il aurait surtout été utile pour Rethel.
Des questions concernent aussi les anciens moulins et les seuils des anciens barrages. Une réunion spécifique sera organisée en mars par Nature et Avenir.
Pour conclure, le président insistait sur l'exposition réalisée par Nature et Avenir qui présente les moyens de réduire les inondations catastrophiques de l'Aisne d'une manière écologique.
Compléments d'information:
Sur l'incidence d'un bassin d'écrêtement sur l'Aisne ou l'Aire en amont de Rethel vis-à-vis du compiégnois : pris individuellement, du fait du laminage naturel, l'abaissement de la ligne d'eau obtenu avec un ouvrage de rétention en amont de Rethel va en forte diminution plus on descend vers l'aval, pour être peu significatif à Compiègne. Par contre un des effets d'un tel ouvrage est le décalage dans le temps de l'onde de crue. C'est ce décalage de quelques heures qui peut engendrer un abaissement plus significatif à la confluence avec l'Oise, pour peu que la crue de l'Aisne arrive après celle de l'Oise.
Sur la réalisation de bassin humide en remplacement de bassin d'orage sec :
Lors d'une forte pluie, le bassin humide va retenir la totalité des eaux de ruissellement, de la première goutte jusqu'à sa saturation. Pour les bassins d'orage sec, avec la mise en place d'une canalisation permettant un débit de fuite, la rétention ne commence qu'au-delà d'une arrivée d'eau supérieure au débit de fuite. Ainsi, la rétention ne commence que plus tardivement et la saturation également. A volume de rétention égal, ces derniers permettent donc d'écrêter des crues plus importantes et donc sont pour cela plus « efficace ».
L'association des deux techniques permet de profiter au mieux de leurs avantages, les bassins humides pour « filtrer » l'eau et limiter les transferts de boue, et les bassins secs pour leur rétention.
Voici un lien vers la vidéo des inondations de décembre 1993