Ce 1er mars 2016 une soixantaine de personnes motivées ont participé à notre réunion-débat mensuelle autour d'un vidéorama préparé par notre vice-président, Jean Marie Sogny.
Quatre intervenants avaient répondu à notre invitation : Gwladys FONTANIEU pour la FRAB, Thierry HUET pour la FDSEA, Aurélie PIRE pour la Confédération Paysanne et Dominique TASSOT pour Agrobio 08.
Après le constat de la diminution du nombre d'exploitations agricoles dans les Ardennes (15 250 en 1929, 5 542 en1988, 3768 en 2000,2979 en2010), le secrétaire de Nature et Avenir a rappelé les priorités de notre association départementale de protection de l'environnement pour préserver la biodiversité et les paysages, privilégier la qualité en développant le bio, garder des emplois locaux,...
Les questions et remarques furent très variées :
- Importance des haies plus ou moins encouragées par la politique agricole commune. Les haies fournissent du bois énergie, un complément de nourriture pour les animaux d'élevage, luttent contre l'érosion et les effets du vent, abritent des auxiliaires de l'agriculture, etc (voir l'expo de Nature et Avenir).
- Importance de la qualité des sols.
- Élevage industriel et ses conséquences sur l'emploi, la qualité, le bien être animal, la santé humaine (la colistine, antibiotique de dernier recours utilisé dans les élevages industriels provoque l'apparition de souches microbiennes résistantes aux antibiotiques).
- Disparition des insectes en particulier des milliers d'insectes pollinisateurs indispensables à la reproduction de nombreuses plantes. Les néonicotinoïdes sont sur la sellette...pourtant il existe de nombreux exemples de bonnes pratiques mises en œuvre par des agriculteurs engagés dans l'agroécologie,
- Autonomie des fermes qui doivent éviter de dépendre des banquiers et des importations de soja OGM.
- Importance de l'économie mondiale et du TAFTA avec plus grande dépendance par rapport aux cours mondiaux et, par exemple, obligation d'acheter des poulets chlorés.
- Traçabilité : quand on achète du lait, c'est très difficile de savoir d'où il vient, On devrait pouvoir acheter des produits locaux en toute connaissance de cause.
- Problème du coût de la dépollution, des dépenses de santé etc qui sont payées par la collectivité car le coût des aliments ne prend pas en compte le coût environnemental.
- Problème de la formation des Agriculteurs qui sont les premières victimes de l'utilisation de pesticides. Remettre l'homme du milieu paysan en bonne santé avec des animaux en bonne santé devrait être une priorité. On est loin de réduire l'utilisation des pesticides.... c'est même le contraire : + 16% en tonnage entre 2013 et 2014!
- COP 21 et agriculture :qualité de l'eau, gaz à effets de serre! Il y a du pain sur la planche...
- Intérêts de l'agriculture bio: doublement en 5 ans du nombre d'exploitations et du nombre d'exploitants bio dans les Ardennes : 150 exploitations bio actuellement qui représentent 2,8% des terres cultivées.
- Mais c'est une aberration d'acheter des produits bio produits dans des pays lointains aux dépens de leurs cultures vivrières, Cela nécessite d'importants transports (donc gaz à effet de serre), Pour lutter contre cela il faut assouplir les règles européennes pour le bio,développer le label bio-cohérence (A Pire), développer le bio dans les grandes exploitations (D Doyen).
- Importance d'avoir une vue globale du problème.
- Difficile d'approfondir chaque sujet... Ce serait bien de prolonger ce débat dans les deux lycées agricoles des Ardennes. A suivre...
La conclusion de cette intéressante réunion-débat a mis en évidence l'intérêt de tirer tous ensemble la charrue dans le même sens aussi bien pour les agriculteurs que pour les écologistes, L'élément déterminant est le consommateur qui doit choisir le local et la qualité au lieu de privilégier les prix bas, Depuis longtemps les agriculteurs désirent vendre leurs productions à un juste prix qui tiendrait compte de la qualité. C'est seulement 20% des dépenses des ménages qui sert pour l'alimentation en France, Si chacun de nous paie le juste prix pour s'alimenter l'agriculture évoluera dans le bon sens.
Et puis,sachant que les trois quart des productions agricoles servent à nourrir les animaux d'élevage et que chaque personne consomme 43 kg de viande par an il est évident qu'il faut diminuer notre consommation de viande aussi bien pour notre santé que pour notre planète.