Retour sur l’histoire de l’association, qui, depuis sa création en 1975, n’a cessé de militer pour
l’environnement.
J’étais jeune et je débutais comme professeur d’histoire à Rethel. J’étais très préoccupé par la nature, par sa dégradation rapide, les remembrements, les pesticides et les défrichements. Les sociétés rurales comme la nôtre sont des sociétés très passives. Les Ardennais n’avaient pas la culture de l’engagement. Il n’y avait rien au niveau local alors on a décidé de créer quelque chose. » Guy Féquant n’avait que 25 ans lorsqu’il a décidé de créer l’association Nature et Avenir. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il a rencontré Jean-Paul Davesne, qui milite toujours aujourd’hui au sein de la
structure. « Pour moi, c’est lui le véritable militant grâce à qui l’association existe toujours après quarante ans », raconte le Barbyon. L’association est ensuite devenue la section locale de l’Épine Noire, une structure départementale de protection de la nature. Puis, l’Épine Noire ayant disparu, Nature et Avenir est redevenue autonome.
Des dessins de Mi-Lam
Depuis 1975, les combats menés par l’association rethéloise se comptent facilement par dizaines. À commencer par la prévention concernant les déchets commencée dans les années 80.
« Nous avons réussi à mettre en place à Rethel un ramassage sélectif de papiers-cartons », rappelle Jean-Paul Davesne. En 1991, le sentier nature, que l’on connaît toujours aujourd’hui est mis en place entre Rethel et Thugny-Trugny. Un sentier qui a d’ailleurs été restauré en 2012 par des membres de l’association ainsi que des élèves du lycée agricole Saint-Laurent à Charleville-Mézières. Quatre ans plus tard, c’est à la mise en place d’une usine d’incinération que les militants s’opposent, portant l’affaire devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
Pour la quasi-totalité des messages qu’elle souhaite faire passer, l’association publie des dessins de Michel Lammens, alias « Mi-Lam », le caricaturiste rethélois qui a également enrichi noscolonnes durant plusieurs années. Ainsi, l’agriculture et l’environnement sont illustrés par deux hommes accoudés au bar, l’un indiquant à l’autre : « Si on continue à utiliser les pesticides, les nitrates... la faune, la flore et même l’humanité seront en voie de disparition. » Le deuxième lui répond : « Mais si je réduis mes rendements, face à la concurrence, c’est le cultivateur comme moi qui
sera en voie de disparition. »
La dernière bataille des défenseurs de l’environnement remonte à novembre 2014 (voir notre édition du 27), date où l’association s’était constituée partie civile après que la centrale nucléaire de Chooz s’est rendue coupable d’une fuite d’acide sulfurique dans la Meuse, sachant qu’une situation similaire était déjà survenue en décembre 2011.
Dans le journal no101 de Nature et Avenir, l’actuel président, Claude Maireaux, reconnaît que « la sensibilisation à la nature et l’éducation à la biodiversité avancent doucement, mais avancent ».
Il ajoute que l’on ne fait « plus actuellement ce que l’on faisait il y a quarante ans sans se poser de questions », rappelant les débats qui existent aujourd’hui sur l’A304, la centrale de Chooz ou encore les énergies renouvelables.
« Il y a encore beaucoup de combats à mener mais heureusement, il y a des avancées.
Certaines communes ont banni les pesticides ! L’agriculture biologique se développe, les bords de rivières sont protégés contre les pollutions... », conclut Jean-Paul Davesne.
Un courrier pour interpeller Ségolène Royal
« Nous allons envoyer un courrier à la ministre de l’Environnement pour évoquer le Programme local de prévention des déchets (PLPD), obligatoire depuis le 1er janvier 2012, car ils ne concernent aujourd’hui que 13 % de la population ardennaise », annonce Claude Maireaux. Le président précise que les deux seules collectivités du département qui ont mis en place le PLPD sont le SMICTOM d’Auvillers-les-Forges et la communauté de communes de l’Argonne ardennaise (2C2A).
« Nous allons interroger Ségolène Royal sur les sanctions qui sont prévues par l’État à l’encontre des collectivités qui ne respectent pas le code de l’environnement dans ce domaine (article L541-15-1) », ajoute-t-il. Interrogé à ce sujet, le président de la communauté de communes du Pays rethélois (CCPR), Renaud Averly, explique la non-application du programme par le fait qu’« il a d’abord fallu restructurer la collecte des ordures ménagères avant de se lancer dans le PLPD ». Conscient de l’importance de ce document qui « permet d’indiquer des petits gestes que l’on peut accomplir au
quotidien pour diminuer les volumes de déchets », le président annonce qu’en parallèle, la CCPR travaille avec les Crêtes préardennaises afin de mettre en place la redevance incitative.
L’ironie de l’histoire, c’est que Nature et Avenir avait déjà interpellé Ségolène Royal en 1993, alors qu’elle était également ministre de l’Environnement, concernant le recyclage des déchets. La balle avait alors été renvoyée à la préfecture des Ardennes. Pour Jean-Paul Davesne, la réponse des services préfectoraux n’était pas satisfaisante, repoussant « aux calendes grecques un projet départemental qui pourrait aboutir rapidement si les décideurs (...) étudiaient la question sérieusement ».
Sandrine Beigas pour L'Union-L'Ardennais
Publié le 31/01/2015 - Mis à jour le 31/01/2015 à 12:29